Lorsque l’on regarde une carte de Sevran, en Seine-Saint-Denis, une forme géométrique se détache au nord-est de la ville. Un polygone dont le tracé n’évoque rien de familier. Ni hachures, ni stries, ni couleurs ne le caractérisent, c’est une zone blanche. L’absence de remplissage évoque un espace sans qualités. Durant deux années, les 32 hectares de la plaine Montceleux ont été traversés, arpentés et étudiés par un collectif composé de chercheur·es, d’habitant·es et d’artistes. Au fil de l’enquête, ce lieu pris dans la marche forcée de la métropolisation est apparu comme un vide urbain, une terre de projets, une zone à planifier, un champ de banlieue, une friche dans la métropole, un commun à habiter.

Clémence Seurat est éditrice et membre associée au médialab de Sciences Po. Elle explore les champs de l’écologie politique et de la techno-critique. Elle a cofondé 369 éditions avec Jérôme Delormas et Fanette Mellier. Elle est membre du collectif artistique COYOTE initié à la suite du Speap, le programme d’expérimentation en arts politiques que dirigeait Bruno Latour. Elle enseigne à Sciences Po Paris, intervient dans des écoles d’art et donne régulièrement des conférences. Elle a co-dirigé l’ouvrage _Controverses mode d’emploi_ (Presses de Sciences Po, 2021) et vient de publier _Le champ des possibles. Une enquête collective à Sevran_ avec Robin de Mourat et Thomas Tari (369 éditions, 2023).